Muse, amie, amante

Muse

N.B. : ce texte est une archive de mon blog personnel. Il a été initialement publié le 25 mai 2006.

Cet article a déjà 12 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

Ressentir la mélancolie comme je la ressens ce soir, à quelques instants de devoir reposer sur mon visage lasse ce masque sociable, revient à revoir une vieille amie que l’on a perdue de vue depuis longtemps.

Cette mélancolie-ci se distingue de mes autres sautes d’humeur en ce qu’elle ne cristallise aucune raison apparente, aucun prétexte, si ce n’est, je l’avoue, celui de m’éloigner à nouveau et vraisemblablement pour longtemps d’une terre sauvage, et d’un homme, que j’aime à nulle autre pareille.

Je me sens durant ces accès mélancoliques comme flottant au-dessus de tout : de ce vallon verdoyant, des oiseaux qui y vivent, et même au-dessus de ces nuages qui menacent de s’écrouler en larmes à chaque instant. La flamme verte de mes yeux semble mourir inlassablement, et je la soupçonne de s’être totalement grisée au fil de l’air, d’ici au petit jour.

Dis-moi, muse, amie, amante, toi qui m’attires une fois de plus à toi de tes doigts tortueux et de ta bouche aimante, pourquoi suscites-tu encore en moi le désir – non ! – le besoin de t’écrire ? N’ai-je pas entendu d’une bouche âgée les mots amour et perversité ?

Vas, je ne t’en veux pas d’être lâche et de m’abandonner au jour mourant, tandis que mon corps se prélasse au sein d’un nid de fortune. Tu m’abandonnes, égérie, et moi de retourner ma veste au bruit feutré de tes pas.

Le plus dur à avaler est cependant l’affligeante vérité de savoir, chère amie, qu’alors que je laisserai derrière moi plages infinies et désertes, souvenirs bleus et gris d’amours incomplets, énergie, matins fleuris, cris marins et humeurs coquettes, toi, tu empliras encore mes poumons où que j’atterrisse, tu tiendras ma main quand personne ne sera là pour répondre à mes cris.

Vas, je ne t’en veux pas de t’acharner, mélancolie…