L'horreur de l'acrobate

Iridescence

N.B. : ce texte est une archive de mon blog personnel. Il a été initialement publié le 15 février 2007.

Cet article a déjà 11 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

Cela étant dit…

Le pire contre–attaque. Besoin d’une grande bouffée d’air pur. Du moins, aussi « pur » qu’il puisse être à Lyon. L’avantage d’un septième étage. Pour une fois, passer inaperçue. Plus petite que la plus petite des lumières saisies de loin. Un songe parmi les songes.

Je ne sais pas pourquoi, Lyon, mais ce soir, ça ne fonctionne pas.

Je remets le couvert avec cette incompatibilité, mais je voudrais que tu comprennes pourquoi cela ne fonctionnera probablement jamais. D’une, parce que je l’ai décidé. Parce que quelques grands magasins et une vieille ville ne sont pas assez pour traverser mon épaisse armure. (À qui la faute ?, me demanderas–tu alors.)

Mais aussi parce que, lors des soirs fragiles où je déambule, près du pont de la Guillotière – sentant à mes joues ta brume – je sombre si aisément dans cette apathie si caractéristique, à la fois bourreau et victime de ma propre mélancolie, noir et spleen comme tes eaux à la tombée de la nuit. Scrutant ton crépuscule, vêtu de jaune et de rose, je peux difficilement décrire le poids qui m’assaille alors de toute part, l’enclume jetée sur ma poitrine. Mes chairs appuyées, titillées, ligotées.

Je suis trop perméable à ces petits riens qui ont réussi à flinguer la journée la plus ensoleillée du mois. Trop sensible à ces petits détails que personne ne remarque, trop maniaque, trop flegmatique.

Et pourtant, je vis avec toi, bouge avec toi, me réveille avec toi. J’entends constamment ton brouhaha. Lonely crystal.

Mais peut–être, après tout, que si on le veut bien, on peut s’accrocher à deux mains au tapis des étoiles, et tirer plus vite l’immense manteau pourpre qui, un jour ou l’autre, s’abattra sur nos yeux comme un vieux volet cassé. Il me manque un piano. Ou peut–être de la voix. Une forme de dynamisme, de danse ou de ronde, qui ne s’affadirait jamais, qui me maintiendrait éveillée le plus longtemps possible, qui me tiendrait compagnie.

J’ai souvent rêvé de pouvoir graver à même le cœur de certaines personnes tous ces sentiments que leur seul nom évoque. Cette vérité qui leur échappe toujours, ce puits sans fond qui, à défaut, s’exprime autrement.

Parfois, j’aimerais juste pouvoir changer le cours des choses…