Dirty Pretty Things Le Trabendo, Paris, 3 avril 2006

Dirty Pretty Things

Cet article a déjà 16 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

Carl Barât, chanteur et guitariste des défunts Libertines, débarque à Paris en ce soir d’avril pour présenter son nouveau groupe, les bien nommés Dirty Pretty Things.

Nouveau groupe ? Pas si sûr puisque les Sales Jolies Choses ressemblent à si méprendre à la formation libertine aperçue fin 2004 lors de la tournée d’adieu du groupe. En effet, Gary Powell demeure immuable derrière les fûts tandis qu’Anthony Rossomando, qui avait alors la lourde charge de remplacer Pete Doherty, se voit promu guitariste à temps plein. Seul nouveau visage : Didz Hammond, débauché des Cooper Temple Clause.
Le précédent passage du groupe, fin 2005 au Triptyque, laissait présager monts et merveilles aux fans orphelins. L’attente est, ce soir, considérable.

A l’entrée du Trabendo trône fièrement une photographie de Pete Doherty sur laquelle est inscrite l’injonction suivante : « Interdiction formelle de laisser entrer cet homme ». Le ton est donné. L’ambiance s’annonce électrique.

Ce sont les Rodeo Massacre qui héritent de la lourde charge d’ouvrir le feu. Lookés bien comme il faut, ils proposent un rock typé 80’s tendance. Agréable sans être extraordinaire. La voix de la chanteuse évoque parfois Siouxsie Sioux mais sans posséder un dixième de sa furie. Cependant, l’ensemble passe comme une lettre à la poste, 6 titres bien ficelés exécutés sous d’habituelles remarques machistes ô combien intéressantes. Manque de bol, la demoiselle n’est pas du genre à se laisser faire, le malotru finira seul au monde et probablement rouge de honte. Bien-fait-pour-ta-gueule.

S’ensuit une heure d’attente, ces messieurs ayant gentiment décider de se mettre le compte avant de monter sur scène. Les vieilles habitudes sont tenaces.
Puis, enfin, ils arrivent et c’est l’explosion. « Deadwood » d’entrée de jeu, c’est l’un des rares titres à être déjà connu (puisque l’album ne sort qu’en mai). Epileptique à souhait, un rien rétro et la voix d’aristo déchu du prince Barât. Le public est en transe instantanément.
Réglages son parfaits. Le groupe s’installe de plein pied et l’aura naturelle de Barât fait le reste. Les titres-hits s’enchaînent de l’étonnant « If You Love A Woman » aux beats ska de « Gentry Cove » en passant par la tuerie « Blood Thirsty Bastards ». On remarque également « You Fucking Love It », complètement furibard, deux minutes chrono qui rappellent les titres les plus barges des Libs. L’héritage fou furieux est définitivement accordé à monsieur Barât. Se détachent également l’élégant « Gin & Milk » ainsi que les guitares obsédantes de « Wondering ». S’il est évident que les Dirty Pretty Things ne révolutionneront pas le rock, force est de reconnaître que… les morceaux sont là, véritables pépites de rock’n roll savamment et passionnément agencé. Sincère et efficace. En un mot : brillant. Et au milieu de ces nouveaux titres, traîne « Death On The Stairs », issu du premier album des Libertines (Up The Bracket). Drôle d’atmosphère qui plane lorsque Barât reprend le couplet habituellement chanté par Doherty, cruelle nostalgie. Rapidement eclipsée par la débauche d’énergie dont fait preuve le groupe. Ils sont fin saoûls, visiblement éreintés et le Carl traîne une sale conjonctivite et pourtant, le set est intense et puissant. Exalté et passionné. Alors que résonnent enfin les accords de « Bang Bang You’re Dead », premier single, la fosse déjà ultra remuante se retourne complètement. Le public gesticule dans tous les sens et les verres de bière se lèvent en l’honneur du groupe. La salle est conquise, définitivement et entièrement.
Le groupe quitte la scène mais revient illico sous les hurlements de joie des fans énamourés.
Barât se désape, provoquant au passage quelques évanouissements de jeunes filles du premier rang, il vient sur le devant de la scène et entonne seul à la guitare un « France » désabusé et émouvant. Frissons de bonheur et de tristesse mêlés à l’écoute de cette balade qui clôt l’ultime album des Libertines. Puis, pour parachever la réussite éclatante de ce set, vient LE titre carlesque par excellence, l’immense, que dis-je l’absolument magistral « I Get Along ». Ambiance survoltée de rigueur, tout le monde connaissant le morceau par cœur et chacun y va de son « fuck’em » hurlé à plein poumons. Purement et simplement jouissif. Fofollitude communicative. Bonheur collectif.
Carl et Gary s’offrent un bain de foule jubilatoire et mérité tandis qu’Anthony distribue les (rares) bières qu’ils n’ont pas sifflées. Et les Dirty Pretty Things quittent la scène non sans avoir longuement remercié le public. Parce que s’il est une chose qu’il s’agit de préciser, c’est que sous leurs airs de branleurs finis, ces types là sont d’une gentillesse et d’une humilité incroyable. Et ça, il est toujours bon de le rappeler (non, je n’accuse personne).

On prend (presque) les mêmes et on recommence.
Gloire aux Dirty Pretty Things et longue vie au prince Barât.

Set-list :

Deadwood
Doctors & Dealers
If You Love A Woman
Wondering
Gentry Cove
Bloodthirsty Bastards
You Fucking Love It
Death On The Stairs
Gin & Milk
The Enemy
Last Of The Small Town Playboys
Bang Bang You’re Dead

France
I Get Along