Stephen King Chronique de La part des ténèbres

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Stephen King - La Part des ténèbres

L’argument

L’écrivain Thad Beaumont écrit deux types de livres : des œuvres sous son propre nom, flattées par la critique à défaut du public, et de l’horreur à succès sous le pseudonyme de George Starck. En manière de plaisanterie, il organise, pour une photo de presse, le faux enterrement de Starck. Mais c’est sans compter que ce dernier sort du tombeau avec la ferme intention de ne pas se laisser tuer de la sorte…

Genre littéraire

Roman double cauchemardesque

Ça commence comme ça

« PROLOGUE

« Surine-le, dit Machine. Surine-le pendant que je reste ici à regarder. Et ne m’oblige pas à te le dire deux fois. »
Machine’s way
GEORGE STARK

La vie des gens – leur vie réelle, par contraste avec leur simple existence physique – commence à des moments différents. La vie réelle de Thad Beaumont, un jeune garçon né et élevé dans le quartier de Ridgeway à Bergenfield (New Jersey), débuta en 1960. Deux choses lui arrivèrent cette année-là. La première donna forme à sa vie ; la seconde faillit bien y mettre un terme. En cette année 1960, Thad Beaumont avait onze ans.
En janvier, il envoya une nouvelle de sa main au concours de jeunes écrivains organisé par le magazine American Teen. En juin, il reçut une lettre du comité de rédaction lui disant…
»

Avis personnel

Brillant, terrifiant et fort bien ficelé, La Part des Ténèbres constitue un des King les plus aboutis, et supporte aisément les relectures. On retrouve ici un des thèmes chers à l’auteur, aux prises avec l’écriture et le maelström des critiques. C’est d’ailleurs une habitude de croiser chez King des personnages d’écrivains ou de professeurs d’anglais.

Cette histoire peut être lue à travers plusieurs grilles : un très bon roman d’épouvante, avec une science consommée de l’horreur rampante et croissante. Un regard sociologique toujours à l’affût, ajoutant la consistance réaliste, trop souvent absente de ce genre de littérature. Et une démonstration psychologique imparable sur le thème du double inconscient, de la sauvagerie -un temps- apprivoisée. L’écriture comme obsession, addiction ou sublimation, ou tout cela à la fois.

C’est bien cette plongée dans les eaux troubles du psychisme, dans la part d’ombre, qui est la plus fascinante et angoissante, relayée par des descriptions d’une précision nauséeuse, dans le plus pur style Kinguien. S’il fallait ne retenir que trois romans dans toute son oeuvre, La Part des Ténèbres en serait assurément. Et vous ne verrez plus les moineaux de la même manière…

Le grain de sable

De 1977 à 1985, King, déjà célèbre mais soucieux de vérifier l’influence de son nom sur les ventes, a publié cinq romans sous le pseudonyme de Richard Bachman (Rage, Marche ou crève, Chantier, The running man et La peau sur les os) avant qu’un étudiant ne découvre la supercherie. King avoue, et tue son double… Un roman « posthume » paraîtra ensuite, Desolation.

Gramophone

Tool, 10 000 days.

Sur le mur

Des milliers de pages blanches, déchirées en fins lambeaux…

Dans la même veine…

La Part des Ténèbres a été adaptée au cinéma par George A. Romero (1993).
Des écrivains en fort mauvaise posture sont également à l’œuvre dans Sac d’Os (1998) ou dans la bombe Misery (1987). Du même auteur, un gros essai autobiographique sur le thème, intitulé Ecriture (Le Livre de Poche, 2001).

Et parmi les nombreuses études qui lui sont consacrées, citons Stephen King et le sexe de Roland Ernould (éditions Naturellement, 2004) et Le livre des livres de Stephen King (DreamPress, 2006) recensant les avis éclairés de 64 auteurs internationaux sur leur « King » préféré.

A propos de Stephen King

Avant de devenir l’écrivain phare de la littérature d’épouvante actuelle, Stephen King, né en 1947 dans le Maine, fut un enfant assez malheureux puis un étudiant fauché, écrivant (déjà) beaucoup. Le succès immédiat de son premier livre publié, Carrie, en 1974, changea la donne du jeune prof de littérature pour longtemps. Il vit toujours à Bangor, dans le Maine, décor de la plupart de ses récits.

Travaillée tout à la fois par les tréfonds de la peur humaine et les vicissitudes de son métier, son œuvre imposante connaît une diffusion mondiale. Plus de quarante romans, traduits en trente langues, des dizaines d’adaptations cinématographiques (la série Dead Zone est même directement inspirée du roman éponyme)… Un de ses secrets : écrire quatre heures par jour, 362 jours par an. Un adage anglo-saxon veut que « chaque famille a au moins deux livres chez soi : la Bible et un Stephen King  ».

Parmi les meilleurs crus, et en oubliant ses récentes productions plus inégales, on peut citer les terreurs d’enfance de Ça (1986), la violence et le génie dans Misery (1987), l’apocalypse nucléaire du Fléau (1978), la confession ultime de Dolorès Clairborne (1993). Du côté de la fantasy, voir la saga de La Tour Sombre (1982-2005). Sans oublier un recueil de novelas hallucinantes : Différentes saisons (1982). Et un bon paquet d’autres best-sellers…

Stephen King

Références

Editions Pocket, 1993, 543 pages

Liens et Sources

Les informations de cette chronique sont issues des sites suivants :
Site officiel de l’auteur
Un site francophone de référence, avec bibliographie complète : Stephenking-fr.
Une pertinente analyse de Valérie Francès à propos du cas « Richard Bachman ».
Enfin, un article fouillé du magazine Lire.