George Mann Les Revenants de Whitechapel

Steampunk

Les Revenants de Whitechapel

Note :
4/5
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L’argument

1901. La reine Victoria est toujours au pouvoir, des zeppelins et des aéronefs sillonnent le ciel londonien tandis que des cabs à vapeur côtoient les attelages sur les pavés de la capitale. C’est dans cet univers steampunk que l’on retrouve Sir Maurice Newbury et sa jeune assistante miss Veronica Hobbes. Au service de son étrange Majesté, les deux collègues auront à démêler plusieurs enquêtes appartenant à la même toile. Zombies et automates sophistiqués sont de la partie.

Ça commence comme ça

Inde, août 1901
Les mouches. Toujours ces fichues mouches. Harrison chassa d’un revers de main les insectes qui ne cessaient de bourdonner autour de sa tête et vérifia le bon fonctionnement de son fusil pour la cinquième fois en une heure. Plus oppressante que jamais, la chaleur l’engonçait dans son uniforme et trempait sa nuque de sueur. Ses deux compagnons en souffraient tout autant : Hargreaves, juché sur un rocher, buvait une longue rasade à sa bouteille d’eau et Taylor, l’air atterré, faisait les cent pas en soulevant la poussière à coups de pied. Il leur restait deux jours avant de repartir pour l’Angleterre, mais le lieutenant refusait de les épargner – une patrouille en plein midi ! En songeant à l’égoïsme de cet individu, Harrison étouffa un juron.

Avis personnel

Si les éléments steampunk sont bien présents, ils restent discrets, ou tout du moins, ils savent se mêler au reste sans exagération. On entre alors avec facilité dans cet univers atypique où les éléments « traditionnels » victoriens prédominent tout de même. En effet, le roman débute par une de ces fameuses séances de spiritisme en vogue à cette époque (à lire, si ce sujet vous intéresse, Au Pays des brumes d’Arthur Conan Doyle).

Tout s’ensuit alors avec logique : cabinet de curiosités, abus de laudanum, club… les éléments victoriens « traditionnels » fixent la toile de fond dans laquelle viennent s’imbriquer les éléments steampunk. Il est alors presque naturel de croiser des voitures à vapeur et des zeppelins. On ne s’étonnera plus non plus de voir des automates pilotes ou serveurs, créés par un savant français, sorte de Dr Moreau qui, comme lui, a dû quitter son pays à cause d’expériences douteuses. Malgré ça, on reste tout de même impressionné par l’étrange reine Victoria, mais je n’en dirai pas plus…

L’intrigue, quant à elle, est bien ficelée malgré quelques longueurs dues à l’enquête qui tourne un certain temps en rond. Mais cette longueur a l’avantage de présenter en profondeur les personnages et donc de bien ancrer le lecteur dans leur univers. Le duo devient vite sympathique. Mais au fil de la lecture, divers éléments nous font comprendre qu’il reste encore beaucoup de choses à découvrir au sujet des deux partenaires, ce qui est logique quand on sait que 4 livres (pas encore parus en français) suivent Les Revenants de Whitechapel. On pense notamment à l’intrigante sœur de Veronica internée dans un asile à cause de ses crises provoquées par des visions.

A propos des dits revenants, il s’agit en fait de sortes de zombies qui errent tapis dans la brume du fameux quartier de l’east end. Ils introduisent d’ailleurs subtilement le récit. Il est intéressant de voir que le titre original du roman n’a rien à voir avec des revenants puisqu’il s’agit de The Affinity Bridge, qui fait référence au fonctionnement des automates.

Bref, ce premier livre dédié à l’univers de Newbury et Hobbes est vraiment prenant et divertissant, et les presque 400 pages se lisent sans demander leur reste. On a juste hâte que les livres suivants paraissent en français…

Le grain de sable

Pour son personnage Newbury, George Mann s’est notamment inspiré de Carnacki, le détective de l’occulte de William Hope Hodgson (début du 20ème siècle). D’ailleurs, comme Carnacki, Newbury vit à Chelsea.

Dans la même veine

Dans le même ton, on peut lire Les Gentlemen de l’étrange d’Estelle Valls de Gomis. Ce livre devrait plaire également aux fans de la série Doctor Who.

A propos de George Mann

George MannNé en 1978, George Mann est un auteur et éditeur anglais. En tant qu’auteur, il a notamment écrit un livre audio de Doctor Who, des essais sur la SF ainsi que des nouvelles et novellas. Autour de Newbury & Hobbes, il a donc écrit quatre romans et plusieurs nouvelles. En tant qu’éditeur, il a publié des anthologies de SF mais aussi autour de détectives comme Sexton Blake et Sherlock Holmes.

Références

  • Panini Books, collection Eclipse, 2013, 380 pages.
  • Ce livre a d’abord été édité en 2011 par les éditions Eclipse, reprises ensuite par les éditions Panini.
  • Ce livre est paru initialement en 2008 sous le titre The Affinity Bridge.

Liens et sources