L’argument
William Drum est envoyé à Retrocity, une étrange ville murée qui cache des choses fort étranges. Retrocity, qui semble déserte, se dévoile peu à peu à William Drum qui, en la découvrant, se verra lentement happer par elle. Il y croise des êtres humains avec d’étranges greffes mécaniques, ou bien des objets un peu trop humains… Les magnifiques illustrations accompagnent le lecture du journal du policier voué à sa perte.
Ça commence comme ça
Ce livre n’est pas un roman. Ce n’est pas une fiction. N’y cherchez pas de distraction. N’attendez pas de fin heureuse.
Ce livre est un témoignage, vestige unique d’un destin condamné.
A l’heure où j’écris ces lignes, William est mort.
J’ai réussi à quitter Retrocity. J’ai passé le mur un soir de pluie. Je crois que la ville m’a laissé partir. Que j’ai purgé ma peine.
J’ai perdu mon enfant ce matin. Sur le sol de ma chambre d’hôtel, juste après le petit déjeuner. Mes entrailles mécaniques ne pouvaient plus contenir ce bout de vie.
Avis personnel
Bastien Lecouffe Deharme crée là un univers recherché et étonnant. Un univers où les hommes et la matière se mélangent ; où l’un happe l’autre. Un monde où le matérialisme est ici mis en scène, de façon littérale. Les êtres se laissent manger. Un monde urbain et matériel vorace qui engloutit ses citoyens.
Et cette histoire à la fois triste et amère est parfois illuminée par ces lumières qui percent l’ombre des images. Des illustrations toujours sombres, mais où ces lumières nocturnes apaisent et portent une beauté mystique. Parfois la lumière envahit l’espace, comme pour cette nonne nimbée de rouge dans cette étrange église.
Et pour ajouter au mystère, nous voici comme à une époque indéterminée, où l’ancien côtoie ce qu’il y a de plus innovant. Une touche steampunk sans l’être vraiment. Les passants résignés portent d’étranges prothèses mécaniques ; des rouages qui leurs permettent de vivre. Le seul moyen d’exister ici, c’est de faire corps avec ces rouages étranges. Si vous refusez, il vous en coûtera la vie ; comme cette fille qui se voit happer par ce lampadaire ; souvenir qui abrite son premier baiser. Une immortalité hors de portée.
Et sur ces images se glissent des mots ; des mots durs d’un policier qui en a vu. Et pourtant, une espèce de tristesse enveloppe ces mots qui espèrent autre chose.
Un univers étonnant donc, qui sait vous happer lui aussi. Et quand vous croyez en avoir terminé, il n’en est rien. Une publicité de la Corporation et un plan de la ville monstrueuse hantent les dernières pages ; des bonus se trouvent sur la toile et le site consacré à Retrocity. Une chronologie aussi, un bout de l’histoire de cette ville. Un univers donc ; qui possède même sa propre musique.
Le grain de sable
Memories of Retrocity fait partie d’un univers que l’auteur développe depuis six ans.
Gramophone
La bande son dédiée au livre.
Sur le mur
Une machine à écrire.
Dans la même veine
Quelque chose dans Memories of Retrocity évoque le grandiose Musiques de la Frontière de Léa Silhol (L’Oxymore, 2004).
À propos de Bastien Lecouffe Deharme
Né en 1982, celui qui se fait aussi appeler B., est illustrateur, photographe et écrivain. On retrouve ses illustrations sur les couvertures de Marches nocturnes de Franck Ferric, mais aussi pour des livres de Mélanie Fazi ou encore Lovecraft. Il semblerait que Le journal de William Drum ne soit qu’un morceau de l’univers Retrocity et qu’autre chose soit à venir…
Références
- Éditions du Riez, 2011, environ 120 pages.
- Co-rédaction : Gilles Osvald
- Postface : Alain Damasio
Liens et sources
- Retroprocessus, le site du livre
- Les images de cet article sont issues du site Retroprocessus
- Blog de Bastien Lecouffe Deharme