La Cité de Dieu de Fernando Mereilles et Katia Lund

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La Cité de Dieu affiche

Synopsis

Un gosse appelé Fusée habite dans une favela particulièrement pauvre de Rio de Janeiro dans laquelle il n’est pas facile ni de grandir, ni de mourir vieux. La vocation de petit truand ne le tente pas, et en grandissant le jeune garçon se passionne pour la photographie. Par sa position à l’intérieur même de la favela il va être un reporter de premier choix quand éclate une guerre interne pour le contrôle des trafics.

Critique personelle

Fernando Meirelles et Katia Lung se sont fait remarquer par ce film ovni dont la brutalité est comme une révélation à bien des niveaux. Il est rare de voir le cinéma brésilien dans autant de salles, à peu près autant que d’entendre la télévision aborder la situation sociale des favelas. La Cité de Dieu s’affirme avec son effet coup de poing dans sa confrontation au monde par le biais de la fiction. Les réalisateurs, regrettant de n’avoir pu en dire plus, en ont fait une adaptation en une série télévisée de deux saisons, intitulée La Cité des Hommes.

La Cité de Dieu photographe

Le héros sert de point d’ancrage et de narrateur, liant sans cesse son histoire à celle de la favela, et de ses camarades qui vont en prendre le contrôle manu militari. Par sa passion pour la photographie, il porte à la fois ce regard de témoin désirant devenir reporter et celui du gamin des rues qui en grandissant s’éveille au monde qui l’entoure, à ses plaisirs et à sa cruauté. Le film croise sans cesse ces dimensions, relie le personnel au groupe avec beaucoup de talent et certains personnages secondaires ont parfois de quoi contester à Fusée sa place de héros tant ils crèvent l’écran par leur présence. Sans aller jusqu’aux 300 personnages – oui, 300 pas de faute de frappe – du roman de Paulo Lino, leur nombre reste conséquent. On n’en oublie pas les visages, les poses et la tenue de chacun. Densité tout bonnement impressionnante de charisme. La plupart des acteurs sont des amateurs, tous relativement jeunes et particulièrement bien dégourdis et la fougue du film leur doit très probablement beaucoup.

De nombreux personnages mais pas une minute de trop, l’attention du spectateur est sans cesse happée ; le film s’enchaîne sans temps morts et cela ne concerne pas uniquement ses accès de violence au rythme nerveux. La vie ne se départit pas d’une urgence vitale de tous les instants qui donne cette tension. Les moments de pause pour souffler brillent d’une tendresse réellement émouvante parce qu’ils tentent pour un temps de mettre le monde entre parenthèses, avant d’être rattrapés sauvagement.

La Cite de Dieu

La pellicule qui enregistre tous ses sursauts est tout aussi haute en couleurs. Faisant preuve d’une autre violence, elle transcrit par son intensité celle qui secoue tout le film et y imprime un style visuel marqué. Pour autant la violence loin d’être sublimée conserve une brutalité dérangeante – justement parce que le film est vivant – qui elle aussi devrait frapper les esprits. Une démesure qui est à l’image de certains personnages, et à l’image des hommes qui ne cessent d’intéresser Meirelles.

Références

  • Acteurs :Alexandre Rodrigues, Phelipe Haagensen, Leandro Firmino Da Hora, Seu Jorge, Douglas Silva
  • Année :2002
  • Durée : 2h15
  • Pays : Brésil
  • Genre : Drame urbain