Catherine Hardwicke Twilight

Niaiserie vampirique

Affiche du premier « Twilight »

Note :
2/5
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Synopsis

Isabella Swan, 17 ans, quitte l’Arizona pour aller vivre chez son père, à Forks, une petite bourgade pluvieuse et morne à souhait du nord-est des Etats-Unis. Bella elle est vite adoptée par son nouveau bahut, mais elle n’a d’yeux que pour Edward Cullen, membre d’une étrange fratrie à la peau pâle, qui sèche les cours lorsque le soleil est un peu trop haut dans le ciel. Entre les deux jeunes gens, une passion aussi intense qu’impossible va naître. Parallèlement, des crimes sanglants ont lieu à Forks…

Avis personnel

Ahlàlà, Twilight ! Que ne nous a-t-on rabattu les oreilles avec ce film ! Edward Cullen par-ci, Robert Pattinson par-là… Et cette affiche qui a traîné sur les murs du métro pendant longtemps, à nous faire de pressants appels du pied avec leur slogan alléchant: « Un Roméo et Juliette fantastique qui a fasciné le monde entier« . Pour oser se comparer à l’oeuvre de Shakespeare, il en fallait, du culot.

Le premier volet de Twilight est sous-titré Fascination, du titre du premier livre d’une série de quatre écrits par Stephenie Meyer. Il est vrai que Twilight fascine et, peut-être plus encore, son incroyable succès.

Pourtant, par bien des aspects, Twilight n’est qu’un énième film pour adolescents, rappelant tant Buffy pour les Vampires saison 1 (la belle humaine amoureuse du ténébreux vampire) que des films d’horreur de la trempe de Souviens-toi l’été dernier. Le scénario du film de Catherine Hardwicke peine à sortir des clichés. Ainsi, la très longue demie-heure d’introduction, où tous les stéréotypes du lycée américain sont servis sur un plateau: du journal de l’école au bal de fin d’année, du réfectoire au cours de biologie, tout y passe. Seulement, il faut bien reconnaître que le vampire 2009 façon Rob Pattinson dégage un je ne sais quoi à faire frémir les midinettes, et ce en dépit de ses « frères » et « sœurs » vampires, qui, eux, semblent tout droit sortie d’une série B à canines.

La fratrie d'Edward Cullen

Le réel intérêt de Twilight réside dans la relation entre les deux rôles principaux, Bella et Edward, qui, il faut bien l’admettre, sont interprétés avec brio par deux des têtes de proue de la nouvelle génération d’acteurs hollywoodiens. Ainsi, on a vu Kristen Stewart dans Into the Wild, de Sean Penn, où elle campait une admiratrice de Emile Hirsch, tandis que Robert Pattinson a fait ses premières armes dans Harry Potter et la Coupe de feu, où il jouait Cedric Diggory. Même si le déroulé de l’histoire d’amour entre Bella et Edward est cousu de fil blanc, on se surprend à être captivé par leurs duos enflammés, avec force tirades passionnées et quelques (rares) rapprochements corporels incandescents. Certes, certains dialogues font sourire au mauvais moment, mais dans l’ensemble, on marche.

En revanche, le film tombe à plusieurs reprises dans une forme de ridicule involontaire affligeant. Prenons par exemple les « méchants »: vaguement différents des « gentils » vampires qui ne se nourrissent que de sang animal, les « méchants » vampires – qui sont tout sauf réellement sanguinaires – sont relégués aux seconds rôles pathétiques (en aucun cas la décolo de James n’arrive à la cheville de celle d’un Spike, de même que sa propension à chasser torse-nu ne réussit à crédibiliser ses quelques interventions). La seule scène censée être un peu violente du film – l’attaque de Bella par James, dans l’école de danse – réussit le défi de ne pas faire couler une seule goutte de sang par terre alors que l’héroïne se fait saignée à blanc par deux vampires… Il est même question de « transformer » Bella en vampire ; malgré ça, l’esthétique du film s’extrait précautionneusement de toute référence, sinon au film d’horreur, au moins au film fantastique. Certes, le film échappe aux clichés sur les vampires, mais ne réussit pas pour autant à établir sa propre mythologie.

Bella Swan et Edward CullenEt que dire de l’implacable pudeur dont se prévaut la mise en scène ? Des tête à tête entre Bella et Edward émane une pudibonderie rarement vue au cinéma. Nulle surprise, en fait, puisque Stephenie Meyer se revendique du mormonisme, croyance religieuse qui défend bec et ongles la loi de chasteté. Cela n’est pas sans ancrer Twilight dans une jeunesse américaine matraquée à coups d’ « anneaux de pureté », pur produit marketing chrétien qui, porté à la main gauche, symboliserait le vœu de chasteté de celle ou de celui qui le porte – la nouvelle génération de starlettes américaines ne s’y est pas trompée, puisqu’une Miley Cyrus ou des Jonas Brothers ont fait de ce puritanisme religieux leur fond de commerce.

En résumé

En fin de compte, mises à part quelques belles trouvailles visuelles (la peau de vampire qui luit telle une pluie de diamants au soleil, la maison d’architecte des Cullen), et une tension érotique indéniable, les fans du Dracula de Francis Ford Coppola ou d’un Entretien avec un vampire resteront sur leur faim: dans Twilight, il n’y a pas une once de « dark romanticism » au sens anglo-saxon du terme. La photographie du film oscille dans des tons bleutés et humides, les vêtements sont d’une banalité affligeante et le scénario peine à sortir de sa naïveté confondante. Néanmoins, le film gagne en charme grâce aux scènes se déroulant dans les forêts émeraudes du nord-ouest des Etats-Unis, et au magnétisme du couple phare. Ne reste plus qu’à voir la tournure que prendra la saga au cinéma, puisque Twilight 2 : New Moon sortira en novembre 2009.