Jane Campion Bright Star

Drame romantique

Coup de cœur de La Lune Mauve

Affiche de "Bright Star"

Note :
5/5
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Synopsis

1818, Londres. Le jeune poète John Keats doit faire face aux derniers jours de son frère malade. La voisine de Keats, Fanny Brawne, le soutient dans cette épreuve. Alors que les premiers contacts des deux jeunes gens s’avèrent plutôt froids, petit à petit, un amour sans faille naît progressivement entre eux. Mais des obstacles se dressent : l’argent, d’abord, puis l’entourage qui tente de briser cette idylle mal vue, et enfin le destin, dont le couperet est inévitable.

Bande-annonce

Critique personnelle

Jane Campion avait créé l’évènement en 1993 avec La Leçon de piano, pour lequel elle avait reçu la Palme d’Or du Festival de Cannes. Le film avait été salué comme un chef d’oeuvre autant par les critiques que par le public. Peu prolifique, elle avait depuis lors produit quelques autres films, comme Holy Smoke (1998) ou In The Cut (2003), qui n’avait pas été bien accueillis. Elle revient en 2009 au Festival de Cannes avec un nouveau long-métrage : Bright Star, sélectionné parmi les films en compétition. Si Jane Campion est repartie bredouille, les critiques ont encensé le film comme marquant le retour de la réalisatrice de La Leçon de piano.

La Leçon de piano est mon film favori. Keats, l’un des rares poètes que j’apprécie. C’est donc avec une grande impatience que j’ai guetté la sortie de Bright Star et c’est avec enthousiasme que je me suis précipitée dans les salles obscures pour visionner ce nouveau chef-d’oeuvre.

Car c’en est un! Si ni le romantisme, ni la poésie ne vous touchent, passez votre chemin. Bright Star, c’est un hymne à l’amour dans le sens le plus romantique du terme (et quoi de plus logique, quand on sait que Keats est considéré comme l’un des plus grands poètes romantiques du XIXe siècle?). L’idylle entre Keats et Fanny est filmée avec une douceur et une vérité tout à fait poignantes. A l’instar de La Leçon de piano, tout passe par des silences, des gestes, des non-dits, au travers desquels on assiste à l’éclosion des sentiments des personnages puis à leur épanouissement. Mais là où le premier film explorait le désir et la passion amoureuse sous un angle érotique, sauvage, incontrôlé, Bright Star présente une autre facette du sentiment amoureux : la passion, toujours, mais celle exaltée par les poètes. Charnelle, aussi, mais beaucoup moins au sens sexuel comme dans La Leçon de piano : le couple est plutôt chaste, et on explore ici les sens différement. La caresse d’un baiser, ou celle du vent, ou encore celle d’un papillon sur son épaule.

Je vous avais parlé de romantisme : papillons voletant, prairies en fleurs… et les costumes d’époque, tout, absolument tout fleure bon l’amour romantique qui unit Keats et Fanny, sans pour autant se séparer de sa véracité. Le jeu excellent des acteurs aide beaucoup, de ce côté, et évite l’écueil de la guimauve. Le tout parsemé, tout au long du film, des mots que s’échange le couple. Les lettres de Keats, ses poèmes… on s’en délecte! Jane Campion a filmé l’histoire de façon à mettre en images les sensations qui peuvent naître à la lecture de ces poèmes.  Difficile de porter la poésie à l’écran, encore plus la poésie romantique. On a si vite fait de sombrer dans la mièvrerie… mais Jane Campion l’a fait. Et elle l’a fait de façon magistrale!

Bright Star est une histoire véridique, celle de Keats et de Fanny Brawne ; une histoire sur la création artistique, délivrée avec beaucoup de sensibilité par Jane Campion. Bien que je connaissais la biographie de Keats, et donc son inéluctable destin, les émotions peintes par la réalisatrice et le jeu des acteurs, l’ambiance, tout a contribué pour que, le tragique moment venu (mais pourtant connu!), mes larmes se mettent à couler. Et je suis sortie de la séance aussi exaltée que la poésie de Keats.

Bright Star est à mes yeux l’autre facette de La Leçon de piano, formant ainsi une sorte de diptyque de la passion amoureuse, l’un littéraire, l’autre plus musical.

C’est une belle histoire d’amour. Et une magnifique leçon de poésie.

Références

  • Acteurs : Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider
  • Année : 2010
  • Durée : 1h59
  • Genre : Biographie & drame romantique
  • Pays : Australie, Grande-Bretagne, Etats-Unis

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