La Muse du silence

Johan Strindberg

Cet article a déjà 11 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

Reste ! Reste ! Laisse-moi m’embourber dans tes longs cheveux, respirer la poussière, plonger mes mains dans la sciure. Immobile, je me déplace alors, faisant craquer
ce vieux parquet. Colonnes et sculptures, au fond des cryptes, qui sait ce qui s’y est vraiment passé ?

Le silence depuis demeure.

Guerrière romantique. Si je le pouvais, je braverais les conventions, prendrais mes clics et mes clacs, et en un saut de puce me retrouverait dans cette menuiserie interdite. Et je me blottirais alors contre ton petit corps. Le malaise s’installerait au bout de quelques minutes – je sais. Mais je serais là.

Ma rêverie terminée, poliment, pour ne pas déranger, je frotte ces sensuelles pensées avec du papier de verre ; qu’il n’en reste rien, même si j’y pense encore, et encore, ta lueur orange scintillant dans ma nuit noire, comme un phare qui, un jour, ramènera ma barque à bon port.

Muse du silence – pour laquelle j’élève haut dans le ciel un étandard invisible. Je briserai ton cœur pour que tu restes loin de moi, ne pensant pas à mal, mais n’en pensant pas moins.