Justin Novak ne crée par des figurines : il crée des « disfigurines ». À ses yeux, en effet, la céramique est un art bourgeois et normatif, qu’il entend détourner en l’utilisant dans la représentation d’une vision alternative, une anti-figure ironique, ou difigurine.
Dans la série des disfigurines, les blessures corporelles telles que les bleus ou les lacérations représentent les maux psychologiques. Là où la figurine a représenté historiquement la norme officielle d’une société, la difigurine parle des dommages causés par cette même norme.
Une démarche intéressante, doublée d’une réalisation minutieuse et troublée : les céramiques de l’artiste américain sont délicatement craquelées, symbolisant la fissure béante abîmant le reflet parfait de la Norme, fissure que sa démarche artistique contribue à agrandir.
Cette façon de représenter la douleur, la blessure et, en filigrane, la mort, nous apprend beaucoup sur l’époque où nous vivons. La limite entre le subtil et le grotesque est fine, et le contraste entre les blessures et les corps immaculés de ces corps d’albâtre laisse un drôle de goût dans la bouche.
En savoir plus sur Justin Novak
- Son site officiel, qui permet de découvrir une autre facette de son travail ;
- Une interview de Justin Novak ;
- L’artist statement de Novak.