Bettina Rheims The Gender Studies

Andy B. © Bettina Rheims

Cet article a déjà 12 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

Tout a commencé lorsque le magazine Candy, dédié au travestissement, à la trans-identé et à l’androgynie, a contacté Bettina Rheims pour lui demander l’autorisation de publier d’anciennes photos (Modern Lovers et Les Espionnes, travail sur l’androgynie et le transgenre datant du début de l’épidémie du SIDA). De là, la photographe s’est replongée dans un questionnement sur le genre qu’elle a partagé sur une page Facebook, demandant aux personnes qui se sentaient simplement différentes de partager leurs propres photos.

Bettina Rheims a convié 30 d’entre elles à poser pour elle dans son studio, après avoir longuement discuté avec eux sur Skype. C’est à ce moment-là qu’elle a réalisé que les voix de chacun–e renforçait encore le trouble genderqueer que Rheims entendait fixer sur pellicule avec l’aide du sound designer Frédéric Sanchez.

Le résultat est peut-être bouleversant si vous n’avez pas l’habitude, sans doute autant touchant que dérangeant, puisqu’il contribue à bousculer les codes de l’hétéronormalité.

Chaque photo est polie, douce, presque translucide, grâce à la collaboration du designer Jean Colonna ; la lumière, pâle, révèle délicatement des cicatrices dont on peut essayer de deviner la douloureuse histoire, ici du gloss sur une bouche un peu forte, là un tatouage enfantin.

Et puis, parfois, il s’agit juste d’un corps, sans sacrifice, sans blessure. Un corps qui n’est ni lui ni elle, un corps qui est iel/eile. Le refus de faire un choix, sans même parler de troisième sexe, car n’en compter que trois, c’est déjà réducteur.

Dwam a d’ailleurs publié un article passionnant à ce sujet, que je vous invite chaleureusement à lire.

La série The Gender Studies de Bettina Rheims a fait l’objet d’une exposition…, dans une salle carrée. Si le spectateur se place au milieu du cube, il entend alors les 30 voix à l’unisson – « la voix du troisième sexe » selon l’artiste.

Tandis que l’Argentine vient de légaliser le droit de choisir librement son genre, sans intervention de médecin ou de juge, et que la Suède vient de créer le pronom neutre hen, continuant à faire avancer les droits des LGBT, la France se perd dans des débats stériles sur le mariage et l’adoption homosexuels.

À voir si ce projet vous intéresse : une interview de 10 minutes de Bettina Rheims expliquant le cheminement et la réalisation de cette série de photos.

En savoir plus sur The Gender Studies

Bettina Rheims explique, par écrit et en anglais, l’histoire de The Gender Studies. C’est aussi l’occasion de voir les photos en très grand.