Bleu, noir, nacré

Photographie de Tim Walker pour W Magazine

Cet article a déjà 12 ans : il contient peut-être des informations devenues obsolètes.

Bleu, noir, nacré.

Des pieds à la tête, le moindre centimètre carré, son regard lui-même, façon chaos organisé. Une allure, un pas rapide, une cigarette au bout des doigts. Il file, il a froid.

Ce n’est pas tant de mensonges dont il s’agit, mais d’un faux self encore bien haut dans le ciel. Jamais lui-même, il n’est jamais lui-même, et donne à voir ce qu’il pense qu’on attend de lui.

En bout de course, à bout de souffle, il expire une dernière bouffée de fumée, écrase le mégot distraitement, repense au bout de papier lu avec avidité. L’écriture est fébrile, les mots maladroits, mais elle s’est plantée là, tout droit. La flèche.

Pas tant dans le cœur que dans son reflet.

Face aux vagues d’émotions qui lui emplissent les yeux, il préfère fuir, faire semblant, se conforter dans ses certitudes, dans son cocon.

Il y fait bon, là. Il y fait chaud.

Et moi, en dépit de toute la déception que m’évoque son seul prénom, je déniche la muse, cachée dans l’ombre cruelle de son cœur.

Une muse recouverte de noir, de nacre et de bleus.